Domaine de la Colombette 

(Languedoc-Roussillon - France)

(domaine en BIO)

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C’est en 1890 que tout commença. Mon grand-père Louis Pugibet, alors Maréchal Ferrant, s’éprit d’une fille de viticulteur et reçu en dot un premier hectare. Bien vite, il racheta les terres avoisinantes pour développer le domaine et le baptisa du nom de la Colombette, rue de Toulouse dont il était originaire. Il eut deux filles et un garçon. A ce petit dernier arrivé sur le tard, il avait 18 ans de différence avec sa sœur, on imposa la reprise du domaine familial. « Petit Louis », c’était son surnom car il n’était pas grand, rêvait de voyages et était grand amateur de rugby. Dans les périodes difficiles, il eut le grand mérite de bâtir la cave, la maison d’habitation et de maintenir le vignoble dans son intégrité. Il nous offrit une enfance merveilleuse ponctuée de voyage en vélo.

UN PIONNIER DE LA QUALITÉ EN LANGUEDOC

1966 marqua un tournant dans l’avenir de la Colombette. C’est à cette date que je repris le domaine. Les premières années au côté de mon père furent un dur apprentissage. Nous n’avions pas de tracteur et tout était travaillé au cheval. Durant 7 ans, j’appris à mener cet animal. Si ce ne fut pas toujours désagréable, je n’en suis pas nostalgique.

A partir du début des années 70, j’eus plus de liberté et j’ai alors commencé à rénover le domaine. Je fis le choix difficile de ne jamais m’appuyer sur les subventions mais de pratiquer une viticulture tournée vers un marché qui recherchait plus de qualité. Il a fallu tout créer. J’ai planté des cépages que l’on ne pensait pas adaptés aux conditions languedociennes. D’abord du Grenache et de la Syrah, puis du Chardonnay, du Sauvignon ou du Pinot. Tout ce travail de pionnier s’est accompagné d’un bras de fer permanent avec l’administration, comme on en connait aujourd’hui avec notre travail sur le management du taux d’alcool ou les cépages résistants. Comme quoi, les temps changent plus facilement que les gens… Le mode de taille et de conduite ont été chamboulés avec l’adoption de la taille Royat et de palissage pour se rapprocher des standards des grandes régions françaises. La mécanisation de la récolte, 7 ans seulement après avoir abandonné le cheval, a permis de passer plus de temps en cave. La vinification est devenue plus pointue avec le plus important pour notre région : la maîtrise des températures. L’apprentissage de l’élevage en barrique et la mise en bouteille n’ont pas été de minces affaires. Tout ce travail pour la qualité fut largement récompensé. Tout d’abord par des clients fidèles et toujours plus nombreux mais aussi par la victoire lors de concours. Le plus révélateur fut le concours des «Chardonnays du Monde» où j’ai obtenu deux fois la plus haute distinction terrassant les plus grands bourgognes. Cela m’a valu le surnom qui ne me déplait pas de «Diable du Chardonnay».

CAP SUR L’INNOVATION

1997 sera une année terrible avec le décès de ma femme Jeannette qui m’avait toujours soutenue et qui travaillait avec moi depuis quelques années. C’est à ce moment difficile que mon fils Vincent, diplôme d’ingénieur en poche, me rejoint. Ensemble nous allons continuer dans la même direction mais tout va s’accélérer que ce soit techniquement, commercialement mais aussi économiquement.
Dans le vignoble, nous installons le goutte à goutte qui n’était pas, à l’époque, consensuel comme il l’est aujourd’hui. Nous avons parié dès 2002 sur les capsules à vis qui représentent désormais 80% du bouchage du domaine. Enfin, nous nous investissons pleinement dans la réduction du taux d’alcool des vins. Ce sera un combat épuisant contre l’administration française mais également contre tout le conservatisme de la filière. Soutenus par des clients convaincus autant que nous, nous aurons la satisfaction de voir que les vins « bodybuildés » seront progressivement unanimement dénoncés, le monde revenant peu à peu à des taux d’alcool plus raisonnables.

Pour accompagner la nouvelle gamme Plume, nous commençons à réfléchir au milieu des années 2000 au mode de taille. Nous développons un système original de conduite en buisson naturel. Comme la machine à vendanger vingt ans plus tôt, la mécanisation de cette opération longue et coûteuse va nous libérer du temps et des moyens. Je me demanderai longtemps pourquoi ne pas y avoir pensé plus tôt !

Peu à peu, comme l’avait fait l’arrière-grand-père, nous achetons les vignes environnantes. Mais la proximité de Béziers rendant les choses de plus en plus difficiles, nous décidons d’acquérir un nouveau vignoble près d’Agde déjà certifié en Bio. Nous n’avions jusqu’alors aucune vigne Bio à cause de la divergence de point de vue sur l’utilisation du cuivre et du soufre. Nous allons saisir cette chance pour imaginer une autre idée du Bio en nous investissant pleinement dans la culture de cépages résistants. Désormais à la tête du plus grand vignoble expérimental européen, j’envisage avec un certain amusement un réencépagement de notre vignoble comme je l’avais réalisé dans les années 70 et 80. Cette idée me rajeunit.

Durant ces années, nous serons récompensés par une médaille d’or aux «Wines Innovation Awards» pour notre travail sur l’alcool et par la remise d’une «Groβes Gold Medal» par le Ministre de l’Agriculture allemand pour notre travail sur les cépages résistants. Mais au-delà des récompenses, j’ai la satisfaction, au cours de ces cinquante dernières années, d’avoir été un pionnier et un moteur essentiel de l’innovation, participant ainsi très activement au renouveau du Languedoc.

LA CINQUIÈME GÉNÉRATION POINTE LE BOUT DE SON NEZ

A ma grande joie, la cinquième génération pointe le bout de son nez. Gabriel, mon premier petit fils, a eu la bonne idée de naître avec le lancement de la gamme «Plume» lors du salon Vinexpo 2005. Depuis, deux autres petits ont le bonheur de picorer nos raisins sans pesticides. A mon grand soulagement, Sophie, la femme de Vincent, nous a rejoint et m’a libéré de toutes les charges administratives en prenant la direction du bureau. Ensemble, ils ont racheté d’autres domaines, tous vinifiés à la Colombette qui reste le centre névralgique. D’abord le Domaine de la Trésorière, château emblématique du biterrois où sont nés deux académiciens. Sur la route de Saint-Chinian, il offre un terroir propice au rouge. Dans un tout autre style, entre Agde et Picpoul, le Domaine de Belle-Rive avec son terroir fertile mais très frais, idéal pour les blancs, a étoffé notre offre. Jamais je n’aurai imaginé pouvoir diriger un tel parcellaire où mon arrière-grand-père était simple journalier, plus de 100 ans auparavant.

Désormais, je me consacre pleinement à notre dernier projet : la sélection de cépages résistants adaptés à notre terroir et à nos modes de culture. Un projet long, ambitieux mais passionnant.

source : domaine de la colombette